LES INSTITUTIONS DE LA CLASSE COOPERATIVE
LE PRESIDENT DE JOUR
Extrait de "De la coopérative scolaire a l'autogestion de l'autogestion au droit de participation" Intégral
Jean Le Gal
I. DEMARRAGE DE LA PEGAGOGIE FREINET DANS MA CLASSE
Lorsque je découvre, en juillet 1959, la pédagogie Freinet, à l’école de Vence, au hasard d’une promenade de vacances, je suis tellement impressionné que je décide de démarrer, dès la rentrée de septembre, dans mon cours élémentaire d’une école de la banlieue nantaise, avec pour toute information deux ouvrages de Freinet, Les Dits de Mathieu,[2]
Fini l'auditorium-scriptorium où l'on reste assis toute la journée; finies les punitions, finis les classements : place à la démocratie pour mes 35 élèves de CE1.
J'apprends alors, à mes dépens, que des enfants habitués à obéir ne peuvent user subitement et avec discernement de la liberté... une leçon que je n'oublierai plus !
Ayant pris conscience de la difficulté de la mutation que je leur demande, j'organise progressivement, avec eux, la mise en place d'un travail vivant et motivé. Je m'attache en particulier aux conditions matérielles et aux règles de vie en commun. Dans des discussions libres, nous abordons tous les problèmes qui se présentent à nous. Une à une les techniques Freinet pénètrent dans la classe au fil de ma propre information et de nos tâtonnements : correspondance, travail individualisé, calcul vivant, journal, ateliers, sorties d'étude du milieu.
Je suis placé devant la nécessité d'organiser la classe sur une base coopérative, avec une répartition des responsabilités. Dès le 2e trimestre, une assemblée générale étudie, chaque samedi après-midi, nos succès, nos échecs, nos projets, les conflits. A la fin de l'année, nous avons notre loi, notre "code de coopérative" :
Article 1.
Chacun apporte sa part à l’œuvre commune :
- textes libres ;
- lettres propres et bien illustrées ;
- effort pour apprendre le calcul afin de pouvoir aider aux comptes de coopérative ;
- participation au rangement.
Article 2.
Chacun respecte les travaux des autres et les outils collectifs
Article 3.
Chacun doit respecter les règles établies par tous :
- 3 en circulation dans les allées au maximum ;
- 1 à la bibliothèque ;
- 1 au bureau du maître ;
- celui qui est dans un atelier ne peut le quitter sans l'accord du responsable ;
- on ne peut ni courir, ni stationner dans le couloir ;
- lorsqu'un camarade parle à voix haute à tous, on se tait et on écoute;
- au cours d'une discussion, si l'on veut la parole, on la demande au président ; le maître doit respecter aussi la règle ;
- si le silence est nécessaire au travail, le responsable du travail le demande ; sinon, on parle à voix basse (même règle pour le maître) ;
- celui qui fait tort à la coopérative ou ne respecte pas les règles devra une réparation.
Article 4.
Les droits
Chacun pourra participer à toutes les activités de la coopérative : peinture, bibliothèque, journal, ateliers de calcul, correspondance, enquêtes, études du milieu.
Chacun pourra être chef d'équipe, membre du bureau de coopérative, président de coopérative.
Chacun pourra écrire ses critiques et ses désirs au journal mural.
II. PREMIERS CONTACTS AVEC FREINET
A l’époque, jeune instituteur, je suis secrétaire fédéral de la Ligue des Droits de l’Homme et je suis engagé dans la lutte pour la défense des droits de l’homme, les valeurs de l’école laïque et la paix en Algérie. Je prends conscience de la coupure entre ma pratique pédagogique autoritaire et ma pratique militante. La pédagogie Freinet va m’apporter la cohérence entre mes idées politiques et ma pédagogie. Trois dimensions de cette pédagogie ont immédiatement été l’objet de mon engagement au sein du Mouvement :
- l’exercice des droits et libertés à l’école qui correspondait à mon positionnement de militant de la LDH ;
- l’instruction des enfants du peuple en mettant à leur disposition les moyens les plus modernes, dans la ligne de Freinet mais aussi des pédagogues libertaires ;
- l’expression graphique et picturale, parce que les créations des enfants de Vence m’avaient fortement impressionné.
En juin 1960, la Ligue des Droits de l’Homme consacre son congrès à l’éducation de l’enfant et préconise de favoriser l’esprit d’équipe et le sens critique au lieu de favoriser l’individualisme, de mettre en place une discipline nouvelle, afin que l’école soit le lieu de formation des citoyens de demain. Je pense donc que c’est le moment d’établir une relation entre l’Ecole Moderne et la Ligue, c’est pourquoi :
- j’écris au président de la Ligue, Daniel Mayer : « L’Ecole Moderne a mis à l’honneur la libre expression de l’enfant par de dessin, le texte...et la discipline coopérative. Elle forme les enfants et les adolescents à penser par eux-mêmes, à coopérer, à s’administrer coopérativement, à surveiller et critiquer leurs mandataires, à travailler pour la communauté, à remplir leurs devoirs mais à défendre aussi farouchement leurs droits d’homme et de citoyen. »
- à Freinet, j’écris mon engagement avec la LDH dans les actions pour la défense des libertés et de la paix, et la nécessité de mener une action partenariale avec elle.
A ma grande étonnement, Freinet me répond :
« Mon cher camarade
Oui, il y a un grave affaiblissement du sens civique et les instituteurs en portent au moins une part de la responsabilité.
Même en face de la guerre d’Algérie on sent comme une lassitude qui pousse les hommes à ignorer la misère et le crime. Nous sommes quelques peu effrayés quand nous nous rappelons le formidable élan de solidarité suscité par la guerre d’Espagne et que nous voyons le peu de résonance de nos appels actuels... »
Il m’engage à continuer à le tenir au courant de mes engagements et expériences.
III. DECOUVERTE DU PRESIDENT DE JOUR
Pendant les vacances, je lis « Poème pédagogique » de Makarenko, [4] répond mieux à ma conception de la démocratie que l’organisation traditionnelle de la coopérative scolaire avec l’élection d’un président, d’un secrétaire et d’un trésorier.
A la rentrée de septembre, suite à mes nombreuses lectures, je propose trois institutions nouvelles :
- l'assemblée générale devient Conseil de coopérative. Les enfants y établissent leurs lois, jugent des infractions commises, examinent les propositions concernant les activités et les relations au sein du groupe, mettent au point le plan collectif de travail pour la semaine, discutent de leur réalisation.
- le président de coopérative est remplacé par un Président de jour. J’explique aux enfants que cette institution permettra à chacun d'être responsable à son tour. La multiplication des responsabilités amènera aussi chacun à être, tour à tour, celui qui dirige et celui qui exécute. Au Conseil, nous décidons que le président de jour présidera toutes les activités et organisera les entrées et sorties de la classe. J’animerai seulement la mise au point des textes libres, leur exploitation, les activités collectives. Je serai disponible, pendant les activités individuelles et les ateliers, pour répondre aux demandes. Comme les enfants, j’inscrirai mes critiques au journal mural et elles seront examinées au Conseil.
- les parents seront accueillis dans la classe et des réunions seront organisées le soir pour échanger sur notre organisation coopérative et sur l’éducation. Nous y élaborerons un nouveau système d'évaluation des résultats qui remplacera les notes et classements que j’ai supprimés.
En octobre 1961, j’envoie à Freinet, un compte-rendu des tentatives que je mène pour donner plus de droits et de libertés aux enfants. Il me répond en novembre 1961:
« je crois qu’il faudrait détruire ce mythe de la liberté. C’est un mot que nous ne devrions jamais prononcer en pédagogie. C’est l’organisation du travail qu’il faut prévoir. Les enfants n’ont pas soif de liberté, ils ont soif de travail vivant. ». Puis en décembre 1961, il me fait une réponse publique dans la revue L’EDUCATEUR : « tu as compris toi même le pont délicat : éviter que l’enfant se sente introduit dans un milieu dont les règles disciplinaires, apparemment plus libérales, risquent d’être tout aussi contraignantes. C’est pour lui toute une éducation à refaire, des modes de vie nouveaux à roder expérimentalement. Il faut que l’instituteur comprenne et admette la difficulté pour les enfants de cette sorte de mutation très laborieuse, qui est la même d’ailleurs que celle qu’il doit aborder lui-même pour devenir Ecole Moderne.
Il faut admettre dans ce processus les lois du tâtonnement expérimental, comprendre certains échecs, certaines impuissances, mesurer surtout les efforts faits par tous, les progrès moraux et sociaux réalisés.
Le journal mural vous y aidera puissamment. C’est par le journal mural et surtout par les réunions hebdomadaires de coopérative au cours desquelles on discute ce journal mural que les élèves, les nouveaux surtout, prennent lentement conscience de ce climat nouveau. Cette prise de conscience demande toujours plusieurs mois, parfois plusieurs années pour certains enfants difficiles ».
IV. VERS L’AUTOGESTION
Durant l'année scolaire 1964-1965, je suis en stage de formation des maîtres de classes de perfectionnement, ce qui me donne du temps pour tirer des enseignements de cette première expérience et commencer la mise en place, avec Pierre Yvin, alors instituteur en classe de perfectionnement, des fondements de notre pratique autogestionnaire. [6] En 1946, il ajoutait que « par la coopération scolaire, ce sont les enfants qui prennent en main, effectivement, l'organisation de l'activité, du travail et de la vie dans leur école. C'est cela, et cela seul qui importe. »[8].
En 1965, je suis nommé dans une classe de perfectionnement qui accueille des enfants de 10 à 12 ans. Ils resteront dans la classe jusqu'à 14 ans. Ici la dimension "temps" nous est favorable.
Je redémarre avec les mêmes techniques qu'au cours élémentaire, mais, dès le départ, je propose un conseil de classe quotidien animé par le président de jour, en plus du conseil de coopérative hebdomadaire. Durant les deux premières années, les enfants prennent progressivement en main, avec mon aide, la gestion des activités et des institutions, mais ne les font guère évoluer. Pourtant les capacités d'initiative, de critique, le goût de la liberté, le sens des responsabilités, se sont développés. Aussi, je décide, à la rentrée de 1967, d'être moins participant dans le groupe et, dans un premier temps, de ne répondre qu'à leur demande. C'est une situation que j'appellerai, ultérieurement, l'"autogestion obligatoire", un concept paradoxal[10]
V. L’EXPERIENCE DE PRESIDENT DE JOUR DANS « VERS L’AUTOGESTION »
Le président de jour, chargé par ses camarades d’un certain nombre de responsabilités, rencontre de nombreuses difficultés :
- refus de se taire d’un ou plusieurs membres du groupe pendant les entretiens
et les discussions ;
- agressivité verbale ou physique ;
- refus de suivre ses directives de travail.
Aussi n’est-il pas étonnant qu’il nous it fallu faire deux réunions sur le pouvoir du président et la manière dont il pourrait faire appliquer les décisions prises.
Je me suis demandé alors si les sanctions du groupe à l’égard de ceux qui ne respectent pas ses lois pourraient être supprimées. Il semble que cela ne sera possible que le jour où chacun sera devenu un être autonome apte à s’autogérer lui-même et à respecter les autres.
J’ai posé aux enfants la question : comment le président fera-t-il appliquer les décisions prises par le conseil ? Le samedi 18 octobre, des propositions diverses sont faites :
- Si le président ne se fait pas obéir, il va dire au maître, et le maître punit ;
- Le président donne des sanctions, mais il ne bat pas ;
- Il le dit au conseil ;
- Il met ceux qui n’appliquent pas au « coupez le courant ».[13] embête les autres, et Jacky fait appel à moi. L’attitude de Fabien, agressif, incapable d’ « entendre » les autres, de proposer quoi que ce soit, pose le problème des limites de l’autogestion, limites dues à des conditions objectives : maître-enfants, moyens techniques, milieu scolaire, milieu social et économique, etc.
Résultats après 10 minutes de discussion :
Groupe 1 ( 1 ancien, 2 venant de classe de perfectionnement, 1 venant de classe traditionnelle)
- soit ami avec nous-ne se fâche pas- ne crie pas ;
- soit à notre disposition quand nous avons besoin de lui ;
- que le maître ne fait pas le gendarme ;
- nous donne un coup de main.
Groupe 2 ( 3 anciens ayant déjà vécu les difficultés de la présidence de jour)
- reste toute la journée avec nous pour travailler, car quand il y a un président, il y a
toujours du bruit ;
- nous voulons un président qui sait bien présider.
Groupe 3 ( 3 nouvelles, 1 venant de classe de perfectionnement, 2 venant de classe traditionnelle)
- qu’il soit le président, qu’il soit le chef.
Groupe 4 ( 1 ancien, 2 venant de classe de perfectionnement, 1 venant de classe traditionnelle)
- on veut que vous êtes respecté ;
- on veut pas que vous criez.
Je présente alors le bilan des réponses à ma question : QUE VOULEZ-VOUS QUE JE SOIS ?
DISCUSSION GENERALE
JOSEE : Quand on ne fait que parler, vous êtes obligés de vous fâcher.
MOI : Qui veuT la parole ?
P. RUBLON : Le maître pourrait marquer au tableau mural.
P. ROUSSEAU : Josée, tu dis que le maître doit être le chef, et s’il n’est pas là, qui va
commander ?
RENEE : On choisit le meilleur président.
JOSEE : Le maître ne peut pas venir tout de suite s’il est occupé avec un autre.
BRIGITTE : S’il est occupé, on dit au président.
MOI : Et si c’est le maître le président ?
P. ROUSSEAU : Il faudrait deux présidents.
JOSEE : On pourrait mettre un président par semaine. (Murmures approbateurs)
MOI : Qu’est-ce que vous en pensez ?
MARIEL : C’est trop long.
CHRISTIAN : CE sera trop long.
JACKY : Veux qui obéissent pas on les met au coin. ( murmures de protestation)
JOSEE : Il y aurait un président pour un mois et un autre tous les jours.
MOI : Nous parlons beaucoup du président. Nous pourrions nous poser des questions : que doit faire le président ? A quoi sert le président ? Qu’attendez-vous du président ? Qui serait président ? Vous avez 10 minutes pour en discuter.
Je m’absente...et quand je reviens :
RENEE : Qu’est-ce que c’est silencieux maintenant !
On s’interpelle entre groupes : « Je te critique...etc »
Bilan 2e discussion
Groupe 1 :
- le président sert à nous contrôler ;
- un président par groupe ;
- qu’une fille soit la présidente.
Groupe 2
- un président qui ne bat pas quand on ne lui obéit pas ;
- proposition : les 2 Rousseau et Renée, présidents pendant 1 semaine ;
- quand on a besoin de lui il faudrait qu’il soit près de nous et qu’il préside bien.
Groupe 3
- que ce soit Jacky Flouré et Patrick Chapeau le président ;
- le président sert à diriger ;
- on attend du président des ordres.
Groupe 4
- sert à diriger la classe et la sortie
- le président sera Jacky Flouré et Patrick Chapeau.
DISCUSSION GENERALE
JOSEE : Je voudrais deux présidents par semaine.
( Josée vient d’une classe normale mais a été plusieurs années dans une classe Freinet. Elle est un élément moteur de la collectivité, bien qu’elle n’ait pas atteint sa propre autonomie).
MOI : Qui veut la parole ?
P. ROUSSEAU : Jacky quand il est président menace de battre comme tout à l’heure pendant l’absence du maître.
RENEE : Tout à l’heure, Jacky donnait des ordres. Je lui ai dit : « Ce n’est pas à toi de commander, on n’a pas encore décidé ! » Il m’a dit un gros mot.
J. FLOURE : Je ne m’occupais pas de Renée. J’ai dit : Assis-toi » à J. Provost. Renée m’a dit : « C’est pas toi qui commandes. Occupe-toi de tes oignons ». C’est pour ça que j’ai répondu.
J. PROVOST : Je voudrais que J. Flouré et P. Chapeau soient présidents.
MARIEL : Un président par groupe ce serait mieux.
JOSEE : P. Rousseau disait à tout le monde de le choisir.
ALAIN : Je ne choisis pas Renée et P. Rousseau parce qu’ils demandent à tout le monde de les choisir.
MOI : (J’interviens à cause des interruptions) Chacun a le droit de dire ce qu’il a à dire.
RENEE : Alain est un menteur : je n’ai pas demandé à me choisir.
JOSEE : C’est vrai.
J. FLOURE : C’est vrai ; ce n’est pas Renée.
P. ROUSSEAU : Je ne serai pas président, d’accord ; on verra si vous présidez mieux que moi. Jacky, tu dis que Renée a bien présidé l’autre jour.
MOI : Et les autres alors ?Ils n’auront jamais le droit de présider ? Jeannette aussi l’autre jour a bien présidé. Est-il juste que ce soient toujours les mêmes qui dirigent et toujours les mêmes qui obéissent ?
RENEE : Qui est-ce qui veut être président ?
( Tous sauf P. Rublon, Violette et Anita)
RENEE : On les marque tous au tableau et on vote pour en choisir un.
JOSEE : On est chacun notre tour comme avant, on en parle le soir : ce qui a été bien présidé, ce qui a été mal présidé.
RENEE : Y en a qui président bien et d’autres pas ; quand c’était Jeannette on disait : Oh ! ma petite Jeannette ! Elle est petite Jeannette.
MOI : Il faut décider !
Proposition Renée : 2 voix
Proposition Josée : 13 voix.
Moi : Je répondrai à votre demande : ne pas crier, ne pas me fâcher, être à votre disposition.
Il est 15h15. Après 1h30 de débat, prise de conscience : les rôles respectifs de l’adulte participant et du président de jour sont mieux perçus.
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UNE ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE
Thème : LE PRESIDENT
Le samedi 7 décembre, le conseil décide de programmer pour le mardi 10, une Assemblée générale extraordinaire de la coopé à 16 heures. Les enfants sont répartis en 4 groupes. Je demande d’en être l’animateur ; le groupe accepte.
1° Question : QUELLES QUESTIONS VOUS POSEZ-VOUS A PROPOS DU PRESIDENT ? 6 minutes Groupe 1 : A quoi sert le président ? Groupe 2 : Qui va être le président ? ( posée oralement) Groupe 3 : Pourquoi il y a un président ? A quoi sert le président ? Que doit faire le président ? Qui sera le président ?
Groupe 4 : Que doit faire le président/ Qui sera le président ?
Moi : Quelle question allons-nous discuter en premier lieu ? Patrick : A quoi sert le président ?
2e Question : QUEL EST LE TRAVAIL DU PRESIDENT ? A QUOI SERT LE PRESIDENT ? Groupe 4 : Le président doit : aider les camarades diriger les sorties ramasser les cahiers regarder si les lettres sont bien faites diriger les ateliers diriger les déplacements regarder le magnétophone regarder les bahuts regarder les mains regarder les bureaux regarder les fenêtres regarder le plancher (propreté) Groupe 3 : Le président sert : à diriger- à aller au courrier- à aider à travailler- à aller chercher le maître quand on a besoin de lui. Il doit respecter les ordres du maître Il doit respecter les élèves Il doit venir quand on en a besoin Il ne soit pas faire de bruit Il doit parler à voix basse Il ne doit pas crier pas battre pas rouspéter pas être égoïste ou impoli
Groupe 2 : Le président sert à donner l’exemple Il décide le travail (1) Il remplace le maître quand celui-ci est absent Il commande bien Il regarde si le travail est bien fait Il regarde si les mains sont propres Groupe 1 : Le président sert à nous contrôler Il veille à ce qu’il n’y ait pas de bruit Il aide quand on a besoin de lui Il est à notre disposition Il fait le rapport du travail au conseil Il nous commande Il nous donne le code de gentillesse |
OBSERVATIONS Le groupe 4 s’amuse. Je lui fais l’observation : il se met en discussion Je fais préciser qu’on ne peut choisir QUI qu’en fonction de QUOI et nous sommes d’accord pour la 2e question Da,ns 2 groupes, un ou deux éléments sont inactifs. Les groupes sont agités ( fatigue de la fin de journée ?; cependant les enfants discutent. Le groupe 2 bavarde pendant le rapport C’est ce groupe 3 qui avait demandé que le maître soit le chef, lors du précédent Philips 6x6 (1) J’interviens : samedi le conseil a décidé que ce serait au conseil de prendre les décisions |
Je relis toutes les réponses et chacun peut exprimer accord ou désaccord.
REGLES ELABOREES :
- Quand le président ne peut pas aider, il appelle le maître ;
- Il contrôle l’électrophone, mais ce n’est pas lui qui met les disques.
La discussion sur les fonctions respectives du MAITRE et du PRESIDENT laisse en suspens les questions suivantes :
- Que fait le maître quand le président est incapable de présider ?
- Quel est le travail du maître ?
- Le maître doit-il donner des ordres au président ?
La question : QUI SERA PRESIDENT ? n’est pas discutée, faute de temps. Nous conservons la décision précédente ( ordre alphabétique)
Je demande alors : LE MAITRE POURRA6T6IL ETRE PRESIDENT ? Réponse à l’unanimité : OUI. Décision : le maître sera président le samedi.
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A la suite de ce débat, j’établis une fiche-guide pour le président et j’assume moi-même ce rôle chaque samedi.
L’institution fonctionne de façon satisfaisante. Des heurts se produisent évidemment car la marche vers l’autonomie est longue, mais à aucun moment il n’y a eu régression, peut-être à cause du climat d’amitié de la classe.
Arriverons-nous à faire disparaître la REPRESSION ? Seule l’expérience pourra répondre à ce problème qui est celui de toute société réellement fondée sur la liberté.
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Nous continuerons donc à chercher les solutions les plus propres à assurer notre marche vers l’autogestion ; et comme le demandait Freinet, nous ne tiendrons jamais nos pistes et nos lumières pour définitives car tout résultat est « sujet à révision, à modifications, à aménagements, selon les milieux et les temps ».
VI. L’EXPERIENCE DE PRESIDENT DE JOUR
dans « Les droits de l’enfant à l’école. Pour une éducation à la citoyenneté »« Chacun a le droit d’être Président de jour à son tour.
Il sera président s’il le désire.
Une liste des volontaires, par ordre alphabétique, est établie.
LE PRESIDENT :
- doit donner l’exemple et il doit être ferme ;
- il ne travaille pas, il aide les camarades durant les activités individuelles et les ateliers ;
- il ne parle pas fort au code voix basse.
LE MATIN :
- il met la pendule à l’heure et vérifie le calendrier ;
- il arrive le premier et place les tabourets autour du bureau ;
- il dirige l’entretien du matin et donne la parole.
REGLES :
- Il se contrôle lui-même. Si le président ne se contrôle pas, le maître prend sa place pendant cinq minutes. Si ça recommence, il demande le changement de président.
- Le président ne donne pas de coups. S’il tape sur un camarade, il sera exclu des ateliers.
Si un camarade le frappe, il arrête tous les ateliers et le conseil prend une décision immédiatement.
- Quand un camarade ne respecte pas une directive donnée par le président, il donne un avertissement, puis il demande une réparation au conseil.
- Le président est chargé d’appliquer les règles de la coopérative. Il n’a pas le droit de décider de nouvelles règles. Il peut faire des propositions au conseil.
- Il organise les entrées et les sorties.
De façon permanente, le président de jour a été institué « gardien des lois » décidées par tous. Ainsi, chacun à son tour, pouvait être le représentant de la loi du groupe, rôle dont il pouvait directement mesurer les difficultés.
Dans la classe coopérative, les enfants prennent la parole, s’organisent, partagent pouvoir et responsabilités, élaborent et réalisent leurs projets, font la loi, participent au respect des lois et des règles et répondent de leurs actes devant le groupe...Ils prennent ainsi conscience des exigences du vivre-ensemble et se forment à l’exercice d’une citoyenneté active, solidaire et responsable.
Ici la démocratie directe est possible mais qu’en est-il de la gestion participative des activités, des espaces, des lois et des règles dans une école où de nombreux enfants vivent ensemble ?
CONCLUSION PROVISOIRE
Même si des échanges et des débats ont eu lieu sur l’institution « président de jour » , aucune recherche expérimentale ou clinique n’a jamais été menée. C’est donc un champ de recherche qu’il serait intéressant d’explorer.
[2] FREINET Célestin, Les méthodes naturelles dans la pédagogie moderne, Paris, Editions Armand Colin-Bourrelier, 1956
[4] PISTRAK M.M, Les problèmes fondamentaux de l’école du travail, Paris, Desclée de Brouwer, 1973
Freinet connaissait l’expérience de Pistrak.
Arrêté du 12 Août 1964
Classes de perfectionnement pour débiles mentaux
II. La période correspondant aux classes de sixième et de cinquième : de douze à quatorze ans
"Les activités de socialisation visent à l'intégration au groupe, cherchent à développer le sens de la responsabilité et l'aptitude à la communication. Il y a lieu, en particulier, dans cette perspective, de prévoir l'autogestion de la coopérative, la création de conseils de classe..."
[7] FREINET, La coopération à l'Ecole Moderne, in L'EDUCATEUR, 18, 15/6/45, numéro spécial
[9] LE GAL J., Une classe Freinet au quotidien ou l'autogestion obligatoire, in AUTOGESTIONS, 12/13, hiver 1982-83, "les passions pédagogiques", pp 123-130
[11] LE GAL Jean, YVIN Pierre, Vers l’autogestion, Documents de l’ICEM, 7, 1971.
[13] Note de l’auteur : à l’époque, le QI était une mesure de l’intelligence qui était considérée comme objective. En 1974, la Commission de l’enseignement spécial engagera une action nationale « Plus d’orientation par le QI. Alors quoi ? »
[14] LE GAL Jean, Les droits de l’enfant à l’école. Pour une éducation à la citoyenneté, Bruxelles, De Boeck-Belin, 2002