Lexique des termes utilisés en pédagogie coopérative
Lexique enrichi du « GLOSSAIRE » de Jean-Claude COLSON et Pratiques de la Coopérative -
Aix-en-Provence - Février 2001 - http://tfpiprovence.free.fr/ceintures
Complété en juillet 2023 par Sylvain Connac
BILAN MÉTÉO
Technique d’analyse réflexive (ce qui s’est passé dans les têtes) et métacognitive (ce qui a permis ou empêché d’apprendre) d’un moment de travail. À l’aide d’une main, tous en même temps, les personnes satisfaites font un soleil (doigts écartés vers le haut), les peu satisfaites un nuage (poing fermé) et les autres la pluie (main vers le bas).
BOÎTE À QUESTIONS
Dans certaines classes existe une boîte à questions à partir de laquelle on peut organiser un échange, une discussion. "Pourquoi les dinosaures ont-ils disparu ?" ou "Comment naissent les bébés ?". Ce moment peut s'appeler aussi "Je voudrais savoir", où les croyances, les convictions individuelles sont confrontées à celles des autres sans intervention, pesante et bien souvent inutile, de l'adulte. C'est un lieu et un moment où l'enfant va exprimer ses propres représentations et pouvoir avancer dans son questionnement. |
CEINTURES
Les ceintures symbolisent des niveaux de maîtrise. Comme au judo, leur graduation est matérialisée par des couleurs (Rose, blanc, jaune, orange, vert, bleu, marron, noir). Un élève choisit de s’élever à la ceinture supérieure, soit en passant les brevets correspondants (ceintures disciplinaires), soit en le proposant au conseil (ceintures de comportement). Il existe différentes ceintures. Des ceintures peuvent conférer des droits et des obligations. Ainsi, une ceinture verte en écriture peut être secrétaire de séance et une ceinture bleue en comportement se déplacer dans l’école. Une fois obtenue, une ceinture de comportement ne peut plus être enlevée. Seul un retrait temporaire est possible. Un grand en ceinture se doit d’être un exemple pour les plus petits, notamment en acceptant de l’aider si nécessaire. Inversement, les petits peuvent solliciter les grands en cas de difficulté et sont toujours prioritaires lorsqu’il faut faire des choix ou donner son avis.
Les résultats sont inscrits sur un tableau affiché au mur, visible par tous. Ne sont inscrites que les réussites, pas les échecs. Chacun sait ainsi où il en est et à qui il peut demander de l'aide. Ces ceintures, données par le maître, sont annoncées au Conseil.
CHOIX DE TEXTES
Régulièrement, la lecture des textes libres se déroule devant la classe. Structuré par des rôles (président de séance, secrétaire,…), chaque auteur lit son texte et répond aux questions des autres. Selon des modalités variables d'une classe à une autre, un texte est choisi puis mis au point (toilettage, chasse aux mots) par la classe ou un petit groupe avant de paraître dans le Journal et/ou envoyé aux correspondants, après accord de l'auteur. |
CODE DES SONS
Dispositif de gestion du bruit dans une classe avec 4 couleurs : rouge (silence et pas de déplacement possible), orange (échanges à voix basse avec des déplacements possibles), vert (échanges ordinaires), blanc (pour un moment collectif, lever la main pour demander la parole). Lorsqu’une classe en code orange devient trop bruyante, le code redevient rouge pendant quelques temps.
CONSEIL DE COOPERATIVE ("Le Conseil")
Le conseil de coopérative se réunit périodiquement. C’est la clé de voûte de la classe coopérative. Son but est de réguler les événements passés et d’organiser ceux à venir. En partie ritualisé par des maîtres-mots, il laisse une entière liberté d’expression aux membres de la classe. Animé par un président et un secrétaire chargé de dresser une trace écrite des décisions prises, il est guidé par différentes étapes :
NB : Depuis plusieurs années nous ne donnons pas une place institutionnelle aux critiques. Nous pensons que d'autres dispositifs sont plus appropriés au XXIè siècle pour gérer les conlfits interpersonnels - cf. Messages clairs. |
CORRESPONDANCE SCOLAIRE
Chaque élève correspond avec un ou plusieurs enfants. La classe lui permet collectivement et individuellement de communiquer librement. Cette forme de texte libre appartient totalement à l’auteur et n’est pas forcément soumise à relecture d’un tiers.
La correspondance peut donner naissance à divers projets de rapprochements dans lesquels les élèves sont entièrement acteurs.
DEGRÉ D'AUTONOMIE
Système d’accompagnement des comportements autonomes des élèves pour l’utilisation de leur plan de travail. Le degré 1 symbolise une maitrise de son autonomie de travail (l’élève sait travailler seul ou avec d’autres quand il le faut, n’hésite pas à demander de l’aide en cas de besoin). Le degré 2 représente une phase d’observation. Le degré 3 est une forme d’aide à un élève par son enseignant qui remplit, conserve et montre comment utiliser avec précision son plan de travail. Un plan de travail en degré 3 qui est (quasiment) terminé (avec des exercices pas forcément réussis) conduit à basculer en degré 2.
EQUIPE
Les enfants font partie d’une équipe de travail. Celle-ci est la principale cellule de coopération. Ainsi, pour un travail précis, un enfant peut rapidement bénéficier d’une aide apportée par son référent ou un équipier. En échange, il se met à disposition d’aides éventuelles demandées. Ces équipes sont animées par un référent.
FICHIER
Lors des moments de travail personnel, les élèves travaillent, à leur rythme, sur des fichiers de tous niveaux selon leurs capacités (voir ceintures) : mathématique, français, orthographe, opérations, technologie, lecture,… Certains de ces fichiers sont fournis par les P.E.M.F. mais aussi par PIDAPI. |
"FRIGO"
Un document, un cahier, une boite, un tableau… sur lequel enfants et adultes écrivent ce qu’ils veulent évoquer en conseil coopératif. Une fois l’idée notée sur le frigo, elle reste « au frais » pour ne pas être oubliée.
JOURNAL SCOLAIRE
De classe ou d’école, le journal scolaire est un périodique réalisé entièrement par les enfants. L’équipe de rédaction est nommée par le conseil au travers des métiers. Les articles peuvent être issus de textes libres d’enfants, peuvent être le fruit de leurs recherches… Ils sont retravaillés par la classe avant publication. Le journal scolaire est diffusé à l’extérieur de la classe socialisant ainsi les écrits.
LOI
On réserve le mot loi :
- À ce qui fait le fond de notre humanité, à savoir, les interdits majeurs, interdit du meurtre, de l'inceste, de la violence, du parasitage
- À ce qui fonde les relations dans la classe et qui n'est pas négociable
- À ce qui fonde aussi la distance entre le maître et les élèves
L'inter-dire de la loi est la condition de l'émergence de la parole.
En classe, cette loi s'exprime par
- On ne fait pas mal
- On ne se moque pas
- On écoute celui qui parle
MAÎTRES – MOTS ET RITUEL
Les différentes séquences de la journée sont ritualisées : ce qui donne du sens, une référence commune, des repères pour ce que l'on dit, ce que l'on fait. Ils tendent à constituer l’habitus démocratique de la classe.
Exemple : "Le conseil est ouvert" dit le président. Ce qui signifie qu'on fait silence, qu'on écoute, qu'on attend son tour pour prendre la parole. Celui qui enfreint ces règles est déclaré "gêneur" et encourt une sanction.
MARCHÉ DE CLASSE
Les différentes séquences de la journée sont ritualisées : ce qui donne du sens, une référence commune, des repères pour ce que l'on dit, ce que l'on fait. Ils tendent à constituer l’habitus démocratique de la classe.
Exemple : "Le conseil est ouvert" dit le président. Ce qui signifie qu'on fait silence, qu'on écoute, qu'on attend son tour pour prendre la parole. Celui qui enfreint ces règles est déclaré "gêneur" et encourt une sanction.
MESSAGE CLAIR
Un message clair est une petite formulation verbale entre deux personnes en conflit. De manière précise, ce message clair s’énonce ainsi :
1 - « Ce que tu m’as fait m’a fait souffrir et je vais te faire un message clair. »
2 – « Quand tu … » La victime explique ce qui s’est passé.
3 – « Ça m’a … » Elle exprime avec des mots les émotions qu’elle a ressenties.
4 – « Est-ce que tu as compris ? ».
Ces messages clairs se déroulent sans la présence de l’adulte et peuvent se faire pendant les récréations ou lors des moments de classe, dans le couloir. Environ ¾ des conflits peuvent être résolus à travers ces messages clairs.
MÉTIERS
La monnaie intérieure est une vraie monnaie dont la validité se limite à la classe. Le tissou est par exemple l’unité de monnaie intérieure. Il peut être quantifié en décitissous, décatissous… Cette monnaie est source d’échanges dans la classe. Ainsi, sont rémunérés les efforts fournis, les « comportements aidant » selon une échelle réfléchie par le conseil de coopérative. A l’inverse et suite à une infraction aux règles de vie, des amendes peuvent être prononcées par le maître ou le conseil, toujours suivant une grille de référence. Ces paiements sont tarifés et tiennent compte des compétences de chacun ainsi que des progrès scolaires plus que de la quantité du travail. Achats et ventes d’objets sont aussi sources « d’échanges financiers », entre autres lors du marché de classe.
PLAN DE TRAVAIL
Document à partir duquel élève et enseignant contractualisent un parcours d’apprentissages résultant de la combinaison entre les choix de l’élève, ses capacités, les ressources de la classe, les obligations scolaires définies par l’enseignant.
Rempli toutes les semaines, il permet aux enfants de choisir d’entrer dans des activités souhaitées et correspondant à leurs aptitudes, de ne pas attendre sans rien faire que les copains aient terminé leur travail, de planifier le travail à réaliser.
En fin de semaine, un bilan est effectué avec l’enseignant ; il détermine en partie le plan de travail suivant.
PRISE DE TEMPÉRATURE
Surtout en fin de journée mais également à quelques autres moments, le président « prend la température » de la satisfaction de la classe. Pour cela, il soumet une question de la forme : « que pensez vous de… ?» Les élèves satisfaits ouvrent une main telle un soleil, ceux moins satisfaits ferment le poing tel un nuage et les autres insatisfaits montrent une main baissée signe de pluie. Une prise de température est silencieuse mais peut donner lieu à quelques réactions, explications et échanges.
« QUOI DE NEUF ? »
Rencontre quotidienne qui permet aux élèves le souhaitant de communiquer avec l’ensemble du groupe sur un sujet de leur choix. Les enfants témoignent d’un évènement, présentent un objet, expliquent une information, … Un « quoi de neuf » est animé par un président et par un secrétaire de séance. L’élève orateur intervient puis laisse la place aux éventuelles questions. Une règle principale de ce temps est de ne pas se moquer de l’intervention d’un autre élève.
RÉFÉRENT D’ÉQUIPE
Responsable d’une petite équipe de travail, cet élève en est le garant auprès du groupe – classe. Une fois les consignes données par le maître, il facilite le travail de chacun, en gérant les éventuels problèmes qui se présentent au groupe et/ou soutient les élèves en difficulté.
Il est généralement la charnière entre les élèves et le maître, le tout, à la mesure de ses possibilités
SANCTIONS
Si, dans la classe coopérative, les punitions disparaissent petit à petit, la notion de sanction demeure, logiquement ; il ne peut y avoir de règles de vie communes sans sanctions. Le Conseil décide des règles de vie et des sanctions.
Ces sanctions peuvent se traduire par :
- un avertissement
- une exclusion temporaire d'une activité
- une amende par la monnaie intérieure
- la réparation d'un préjudice subi, quand cela est possible
- une ceinture dorée : isolement d'un élève en difficulté passagère, mais jamais en dehors du lieu classe.
La sanction permet à l'élève de connaître les limites, de s'y buter, mais aussi de pouvoir être réintroduit dans la communauté de la classe.
SORTIE ENQUÊTE
La sortie-enquête est préparée :
Qu'est-ce qu'on va voir ? Quel matériel emporter ? Quelles questions poser et se poser ?
Puis désignation des différents responsables, rappel des exigences de comportement et des règles de sécurité.
Au retour, rédaction : réponses aux questions, complément d'information et confection d'un album.
Investissement individuel et collectif très important jusqu'à l'œuvre achevée, dans des délais les plus brefs possibles, puis communiqués à d'autres.
TEXTE LIBRE
Les élèves ont constamment la possibilité de rédiger des textes libres qu’ils déposent dans une « boîte à textes ». Régulièrement, ils sont lus à l’ensemble de la classe puis notés par les élèves et le maître. Le ou les textes ainsi choisis sont alors travaillés par l’ensemble de la classe, ou individuellement, avec l’aide du maître, de manière à en optimiser la qualité en vue de leur diffusion à l’extérieur de la classe. L’auteur reste toujours maître de son texte et des éventuelles modifications qu’il est susceptible de recevoir.
MAITRES-MOTS
Liste de phrases rituelles utilisées par le président (élève ou adulte) d’un temps d’échange : Quoi de neuf, conseil coopératif, discussion, bilan-météo... Elle rappelle les règles démocratiques de parole et énonce ce qui débute chaque nouvelle rubrique. Les maitres-mots sont les mêmes quel que soit le président de séance, ce qui permet de confier à des élèves différents cette responsabilité. Ils créent de la stabilité et de la solidité aux temps d’échanges, ce qui favorise la parole de tous.
PASSEPORT
Document appartenant à chaque élève leur permettant de demander de l’aide à un camarade de leur choix ou à l’enseignant. Un passeport est à utiliser lorsque l’on ne parvient plus à dépasser seul une difficulté et sert à se décoincer. Un élève dépose son passeport près d’un camarade qui accepte d’aider (souvent, il l’indique avec une couleur verte – s’il refuse, il montre une couleur rouge). Lorsqu’un passeport est déposé sur une table, son propriétaire retourne à sa place et s’engage dans une autre activité, le temps que la personne sollicitée devienne disponible.
PROGRESSION D'APPRENTISSAGE
Une progression d’apprentissages est à destination des élèves (et, à moindre mesure, des enseignants). Elle se traduit par une grille de ce que les élèves doivent apprendre, à partir de laquelle chaque élève, individuellement, va évoluer en fonction de ses capacités et de son travail. Une progression d’apprentissages est d’abord identique à tous les élèves, puis elle se remplit individuellement, au fur et à mesure de ce que chacun valide. Elle sert de guide pour la planification de leur plan de travail et peut servir pour trouver un camarade à solliciter en cas de besoin d’aide. Cela se manifeste notamment par des grilles de ceintures, des branches d’arbres de connaissances, des carnets de brevets, des cahiers de réussites…
SITUATION PROBLÈME
Énoncé didactique d’un problème déterminé par la présence d’une question que les élèves comprennent, un obstacle qu’ils ne parviennent pas à dépasser, un contenu de savoir qui permet de franchir cet obstacle et une transmission de ce contenu au moment où les élèves conscientisent le besoin de se l’approprier. Les situations-problèmes sont des outils didactiques utilisés pour aider des élèves à découvrir de nouvelles notions. Après avoir réfléchi aux réponses possibles individuellement, ils ont la possibilité d’intégrer un groupe pour confronter leurs avis et se poser davantage de questions (prendre conscience de l’obstacle à franchir).
L'association PIDAPI en a conçu pour le cycle 3 - clic
TABLE D'APPUI
lleu dans la classe où l’enseignant s’installe quand les élèves sont au travail. Il peut alors observer les élèves en train d’essayer d’apprendre, réaliser de rapides corrections d’exercices terminés par les élèves (les tests), prendre un temps pour un échange individuel ou constituer un petit groupe de besoin (puisque les autres élèves sont au travail et disposent de la structure coopérative en cas de difficulté).