Le marché de connaissances

Qu'est-ce que c'est ?

"Situation coopérative où des offreurs transmettent des savoirs à des receveurs. Le postulat de départ est que chacun possède et est capable de mettre à disposition des savoirs qui peuvent intéresser d’autres personnes. La réciprocité oblige les offreurs à devenir receveurs et inversement"

S. Connac, 2017, La coopération entre élèves, Futuroscope : éditions Canopé

Clair Hébert Suffrin explique ce qu'est un Réseau d'achnages Réciproque de savoir en 4min

Exemples de fonctionnement

Titre des stands d'un marché de connaissances entre enseignants

  1. Chez Cédric
  2. Angélique
  3. Allons plus loin
  4. SiteS

Quelques jours avant le conseil, je glisse une proposition dans la boite idoine. « Je propose d’organiser un marché de connaissances avant les vacances de Noël. »

Le jour du Conseil, vient mon tour de lire ma proposition. Toujours un peu fébrile, de peur que cette proposition ne soit pas retenue, j’explique ce dont il s’agit. Tout le monde sait quelque chose et peut l’expliquer aux autres. Je donne quelques exemples s’appuyant sur notre vie de classe. Celui qui est reconnu pour ses dessins pourrait apprendre aux autres comment faire, tel autre élève qui est reconnu pour ses qualités de gymnaste pourrait apprendre à faire une figure etc. Ma proposition n’a jamais été rejetée. Au fil des années, les élèves qui poursuivent leur scolarité dans ma classe sont également d’un soutien important dans l’acceptation.

A l’issue de la discussion, nous fixons une date pour le marché et j’en deviens le responsable. J’explique que je distribuerai des fiches d’inscriptions.

Suite de l'article
M Carole

« Tout le monde sait quelque chose et personne ne sait rien. »

Pour qui ?

Pour les élèves dès la 3ème maternelle et ce jusqu’à la haute école.

Avec les parents chez Angélique dans les Cahiers péda. clic

Pour quoi ?

Pour aider les élèves à apprendre à apprendre.

Pour donner l’occasion de partir à la recherche des savoirs et de les partager.

Suite du contenu (Diaporama en PDF) 

Autres documents utiles

Menu marché Carole

Stands du Marché de connaissances de C. Gomez

Merci à Marylin de l'école Saint Régis à Saint Alban sur Limagnole pour cette vidéo - site

Témoignage d'un parent

Message long sur Twitter ("Thread") recopié avec l'autorisation de l'auteure.

"Dans l’école où étaient mes fils, tous les ans, jusqu’au Covid, il y avait un marché de la connaissance. Tous les élèves du primaire choisissaient une chose qu’ils savaient faire, se mettaient à une table et l’enseignaient pendant 30 minutes. Ensuite ils cédaient la table à d’autres copains, et allaient apprendre à leur tour quelque chose. Comme ça toute une demi-journée. C’est comme ça que mon petit N2, qui a l’époque ne parlait pas, s’est retrouvé à un atelier « dessiner un chat manga ». Je m’en souviens parce qu’à la sortie ses copains sont venus me voir pour me dire qu’il avait trop bien dessiné son chat manga, ils en ont parlé à leurs parents, enfin c’était un événement. Moi je ne l’avais jamais vu dessiner avant. C’est en voyant leurs réactions, en découvrant le chat manga, que je me suis dit qu’il serait peut-être heureux d’apprendre à dessiner, et que je suis allée lui chercher un cours, que j’y ai fait office d’avs pendant 3 ans avant qu’il puisse y rester tout seul. Il continue tout seul à présent, il dessine à la maison, ça continue à le motiver, les grands jours il dit qu’il veut devenir peintre d’oiseaux. L’enseignante qui avait institué ces marchés de la connaissance avait aussi lancé les ceintures de compétences dans l’école. C’était et c’est toujours une école vraiment bienveillante, où on travaillait pour de vrai le partage, la solidarité, l’expression des émotions, la patience, la douceur, le fait de prendre soin les uns des autres tous ensemble. C’était et ça reste pour moi un modèle d’école inclusive, où les enseignants gèrent dans la joie totale des classes hétérogènes pleines d’enfants dys comme d’enfants scolairement très doués. Si mon fils se construit doucement avec des crayons et des couleurs, c’est grâce à la petite graine plantée ce jour-là au marché de la connaissance. Aujourd’hui j’ai appris que cette enseignante vient de mourir.

Enseignant/e/s qui travaillez tous les jours pour l’inclusion et les pédagogies innovantes qui la permettent, je pense à vous, et parce qu’on ne vous le dit jamais assez je vous remercie pour toutes les petites graines que vous semez. Continuez et prenez soin de vous.

— Happy Little Stone 🇺🇦 (@marieagrenoble) March 8, 2022

Témoignage d'une enseignante

Jeune enseignante en classe de CM1, je me suis sentie parfois démunie durant une année scolaire où mes élèves paraissaient peu soudés, souvent dans la critique non constructive et dans l’individualisme. Mon objectif a donc rapidement été d’améliorer ce climat de classe peu propice à l’épanouissement mais mes diverses activités à visée coopérative au cours de l’année se sont toutes soldées par des incidents : disputes, enfants qui refusent de participer ou rejettent la responsabilité d’un échec lors de jeux d’entraide… A bout d’idées et en dernier recours, j’ai opté pour le marché de connaissances sur le mois de juin…et ce fut une expérience concluante.

Mi-mai, j’ai présenté à mes élèves le concept du marché de connaissances en commençant par ces mots entendus en formation « Personne ne connait tout, mais on sait tous quelque-chose que l’on peut apprendre aux autres. ». J’ai ensuite proposé les modalités suivantes : nous prendrons 1h30 tous les vendredis après-midi pour organiser ce marché. L’activité ne donnera pas lieu à une évaluation individuelle, seuls ceux qui le souhaitent participeront en tant que « marchands », avec la possibilité de le faire à deux. Les marchands devront remplir, en amont, une fiche indiquant ce qu’ils souhaitent transmettre à leurs camarades, et les moyens mobilisés (matériels et pédagogiques) me permettant de valider leurs choix en veillant au caractère réalisable des stands et à la sécurité des élèves. Pour faciliter l’organisation, ils devaient également réfléchir au nombre d’élèves qu’ils pouvaient accueillir en simultané et à la durée de leur stand. Cette proposition fut accueillie avec beaucoup d’enthousiasme, et même les élèves les moins studieux s’appliquèrent à penser puis décrire leur stand.

Deux semaines après, nous avons mis en place le premier marché dans la cantine de l’école. J’ai prévu chaque semaine 7 à 9 stands (7 stands « sûrs » et éventuellement 2 stands d’élèves qui verbalisaient la peur de ne pas être prêts à temps). Les stands proposaient des compétences très variées : manuelles (fils tendus, bonhommes en bouchons, bracelets), artistiques (dessins, origami, instruments de musique), culturelles (alphabet géorgien, alphabet et calligraphie arabes), scientifiques (fonctionnement d’un moteur, réactions chimiques) et même sportives (réaliser un service au tennis de table). En fin de marché, tous étaient invités à aider à ranger le matériel des stands et remettre la cantine en ordre, avant un retour d’expérience des marchands, puis des apprenants.

Les retours des marchands étaient sans équivoque : ils étaient heureux d’avoir pu transmettre quelque-chose à leurs camarades, ne rapportant que très occasionnellement de mauvais comportements. Les apprenants étaient élogieux à l’égard des marchands, même pour des camarades plus en retrait, moins intégrés dans leurs jeux habituels. De mon côté, et avec plusieurs mois de recul, le bilan est plus que positif. J’ai appris de nombreuses choses de mes élèves et passé un moment privilégié avec chacun, découvrant pour certains leur culture familiale, pour d’autres des hobbits ou compétences inconnues jusqu’alors. J’ai vu les élèves les plus timides et les moins scolaires briller devant leurs camarades, et les plus turbulents en classe se canaliser pour écouter ou expliquer. Par-dessus tout, ce fut la première fois que je vis mes élèves passer un temps agréable tous ensemble en créant de nouveaux liens et nouvelles amitiés.

Au sein de l’école, cette initiative a suscité de l’enthousiasme chez certains collègues, venus visiter rapidement nos marchés, mais également des questionnements voir de l’inquiétude : à quels points du programme cette activité répond-elle et comment ai-je pu dégager le temps nécessaire à sa mise en place dans un emploi du temps bien rempli pour répondre aux demandes de l’éducation nationale ? Je m’étais moi-même questionnée à ce sujet avant la mise en place du marché toutefois cette activité leur a permis de développer plusieurs des compétences du socle commun à une période de l’année et un moment de la semaine où il est souvent plus difficile d’aborder de nouvelles notions. En parallèle de ce choix, j’ai pris le parti de ne pas organiser d’exposés dans ma classe. L’année suivante et après deux périodes, j’ai questionné l’enseignante en charge de cette promotion qui m’a pleinement rassurée : lors des exposés, les élèves sont très à l’aise à l’oral, et elle ne constate pas de baisse de niveaux par rapport aux élèves ayant été entrainés aux exposés les années précédentes.

En conclusion ce fut une excellente expérience que je recommande et que je renouvèlerai plus tôt dans l’année pour les promotions suivantes.

Élodie Martin

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