Communiqué de l’ICEM 34 sur la fin du projet coopératif

de l’école élémentaire Antoine Balard à Montpellier.

 

 

L’école Antoine Balard qui compte actuellement 7 classes, est une école située en Réseau Ambition Réussite, au bas du quartier Mosson de Montpellier. Elle est fréquentée essentiellement par les enfants de familles très défavorisées issues de l’immigration. Depuis 1997, une réflexion approfondie et une extraordinaire concertation de l’équipe pédagogique ont permis d’élaborer progressivement et minutieusement des projets d’écoles réfléchis. A la création des 4 premières classes de cycle III, succéda en 2004, avec une équipe modifiée, la constitution de 4 classes uniques en milieu urbain, espaces où travaillaient en coopérant et en s’entraidant des élèves du CP au CM2. Toutes les autres classes avaient également la possibilité d’accueillir - ou pas - des enfants d’âges différents.

Ce projet a été l’occasion d’utiliser ou de développer au fil du temps :

-                     de nombreux outils pour que les enfants apprennent à coopérer de manière sereine, autonome et responsable ;

-                     du matériel et des dispositifs permettant à chaque enfant d’apprendre les éléments indiqués par les programmes de l’Ecole française, selon ses capacités et à son  propre rythme ;

-                     une ouverture sur la vie du quartier et à d’autres réalités grâce à de la correspondance et des sorties scolaires à visées artistiques et culturelles.

Ce projet a par ailleurs permis que plus aucun enfant quittant cette école élémentaire ne souffre d’illettrisme, la plupart des élèves ayant pu entretenir le goût du travail et développer l’envie d’apprendre, une grande curiosité et une plus large ouverture d’esprit.

 

Ce projet n’a jamais prétendu être parfait. Des réponses adaptées n’ont pas toujours pu être apportées aux difficultés que toutes les équipes des Zones d’Education Prioritaire peuvent rencontrer. Ses valeurs et ses qualités pédagogiques ont été reconnues à plusieurs titres et à plusieurs occasions. Il a notamment été lauréat du premier forum des enseignants innovants de Rennes en 2008. Il a également fait l’objet d’une importante médiatisation sur une chaîne de télévision nationale en 2005 à travers l’émission « Ecole(s) en France». Il a également permis à de très nombreux enseignants, éducateurs et étudiants de venir dans les classes et de prendre conscience en le constatant que des alternatives pédagogiques sont possibles sans moyens spécifiques supplémentaires. Ce projet a bien entendu été l’occasion d’ouvrir l’école aux parents, de créer du lien avec les familles pour que coïncident ce qui se vit en classe et ce qui se vit à la maison.

L’ICEM34 a soutenu et aidé ceux qui, dès le départ, se sont engagés dans une action de refonte des pratiques dans cette école.

L’ICEM 34 déplore que l’administration de l’Education Nationale n’ait pas souhaité apporter son soutien aux enseignants qui en avaient  clairement exprimé le besoin et qui faisaient vivre, dans un contexte difficile, un projet pédagogique ambitieux et pertinent.   

L’ICEM 34 déplore que la hiérarchie de l’école, alors qu’elle a pu compter à maintes reprises sur ses ressources, ait pu s’appuyer sur les difficultés de l’équipe pour dénigrer le long et patient travail accompli durant toutes ces années, remettre en cause la réalisation du projet et ses résultats, entretenir un climat de défiance envers les enseignants au lieu de les soutenir. Cet arrêt brutal n’est nullement en lien avec les résultats scolaires des élèves. Il représente un fantastique gâchis.

 

Alors que l’on n’entend parler que de l’immobilisme de l’Education Nationale, ce projet ambitieux a été délibérément attaqué et mis à mal. Si une leçon est à retenir de cette destruction, c’est celle de l’importance à accorder au travail en équipe pour la réussite de l’Ecole et celle des élèves. Ce travail et cette dynamique sans nul doute se poursuivront bien au-delà de cette expérience : dans  l’école parmi les graines qui vont y pousser ; ailleurs du fait de l’essaimage de ses enseignants et de l’ouverture du champ des possibles proposé aux nombreux visiteurs qu’elle a pu accueillir en son sein.

 

Montpellier, le 1er juillet 2010

 

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