La littérature : quelle place au sein d’une classe hétérogène et coopérative
La littérature apparaît comme un support très porteur, en correspondance avec plusieurs valeurs de la classe coopérative : droit à l’erreur, ouverture de la parole, acceptation d’une pensée qui se construit, … C’est de plus l’occasion pour qu’une culture de classe de construise et que le groupe puisse se fédérer. Avec la littérature, il est possible d’échanger, être en désaccord, et ne pas exclure un avis par rapport à un autre.
Ce travail peut compléter le travail introduit par le texte libre, en développant la part collective des échanges. Cela fait de suite penser aux travaux de Serge Boimare qui propose une lecture par l’enseignant suivie par un échange réflexif.
http://www.icem34.fr/detail.php?nw_id=332
Plusieurs supports se prêtent à ces activités. Cela induit de manière évidente le plaisir à lire.
Les livres de la collection « Lire c’est partir » peuvent faire partie de ces supports. Au sein d’une classe avec plusieurs niveaux, ça reste difficile de parvenir à s’adresser à tous les enfants.
Didier Mur a mis en place un outil autour du débat littéraire : « les cercles littéraires. » Tous les enfants lisent le même livre, pendant la lecture, certains enfants ont des métiers « chasseurs de … (mots, thèmes, personnages, …) ». L’animateur fait un débat à partir de la liste des métiers : il donne la parole à chaque enfant responsable et incite à la recherche de références dans le texte. Par l’écoute, chacun entre dans toutes les activités. Ce travail n’est pas facilement possible en même temps que des discussions à visée philosophique : une sorte de concurrence.
Didier Mur a également mis à disposition toute une batterie d’œuvres de littératures :
http://etab.ac-montpellier.fr/IEN34-11/dotclear/index.php?2006/10/13/28-dossier-litterature-cycle-3
La littérature apparaît comme un partage de passions. Cela se traduit souvent par un album, ou un roman qui a touché l’enseignant. Les supports les plus riches permettent une proposition à un groupe hétérogène. Partir des questions posées par les enfants renforce encore plus les échanges. Ainsi, par l’intermédiaire des personnages et de l’histoire, on peut progressivement appréhender des questions plus larges et entrer dans le travail des concepts.
Les échanges autour des œuvres de littératures contribuent à une compréhension fine du texte : cela passe par les activités en ORL, autour du vocabulaire, à visée philosophique, de société, … Peuvent également servir comme supports : des albums, même simples pour des grands (mais très porteurs d’un point de vue réflexif), de la bande dessinée, des poèmes, du texte théâtral, du kamishibaï, des livres sans texte, …
En parallèle avec les activités de lecture, les enfants peuvent être amenés à écrire, par exemple, ce qu’ils veulent. Ce matériau peut ensuite servir de support pour des activités d’écriture.
Des enfants, qui en apparence sont en refus face à l’école, peuvent se sentir investis dans la classe par l’intermédiaire de ces activités de lecture et de littérature. C’est un des moyens à partir duquel des évolutions deviennent ensuite possible et observées.
Il est aussi possible d’organiser des événements qui font sortir de la classe, notamment des goûters littéraires à la bibliothèque du quartier ou du village. Cela peut se traduire par exemple par une présentation successive de livres choisis par les enfants. Ces activités gagnent à faire partie d’une culture d’école, à être proposés aux enfants sur plusieurs années. Le prix des Incorruptibles peut aider à entrer dans ces rencontres. On peut ainsi parvenir à des situations de classes où tous les enfants souhaitent lire tous les livres proposés.
Il est également possible d’organiser des petits groupes de lecture où les enfants découvrent une œuvre.
Avec la lecture relais, les enfants choisissent une lecture. L’un commence, l’autre poursuit, puis la repasse au premier et ainsi de suite. Les échanges se font à deux. Il y a donc plusieurs lectures qui se font en même temps.
En matière de coopération, la littérature peut s’avérer difficile dans le sens où cette rencontre fait aussi office de sélection sociale : elle trie ceux qui ont atteint une norme, des autres. En même temps, cela reste une activité fédératrice, sources d’échanges riches.
La place de la parole de la classe semble être une question centrale avec ce sujet : si dans la classe chacun a le droit de dire ce qu’il a sur le cœur sans être jugé, de se tromper, de nombreuses paroles sont libérées. Les valeurs qui existent autour de la libération de la parole (l’expression, l’écoute, le respect) expliquent certainement en partie la quasi disparition de la littérature dans les nouveaux programmes.
Présents : Isabelle HUCHARD (St Christol) – Mireille LAPORTE DAVIN (Ecole Balard – Montpellier) – Pierre CIEUTAT (Ecole Bolivar – Montpellier) – Cédric SERRES (Ecole Block – Montpellier) – Virginie AZAIS BOYER (Ecole de Paulhan) – Leyla BRETON (Ecole Boulloche – Montpellier) - Gilles BAQUE (Ecole Boulloche – Montpellier) – Olivia ALMAZAN (Ecole de St Jean de Fos) – Sylvain CONNAC (Ecole Balard – Montpellier) – Claudine VAUGELADE (Montpellier) – Sandra CABELLO (Montréal) – Loïs RENE (Fabrègues) – Karine ALLIBERT (Millau) – Franck ANTOINE (Ecole Boulloche – Montpellier) – Cédric LEON (Ecole Balard – Montpellier) – Agnès VARDA (Juvignac)