La classe coopérative se veut aussi un lieu de partage et d'échange mais est-ce une fragilité dans les situations de crise ?
Dans un premier temps, le rôle du maître a été le centre des réflexions.
Le maître doit protéger la classe. A cette fin, il se préserve afin de préserver la classe. En effet, sa réaction aura une influence sur comment la classe toute entière va réagir.
Si la classe se laisse envahir, alors la classe, avec ses lieux de paroles, peut entrer en résonance ce qui aggrave les tensions.
Si, lorsqu'il y a agression, le maître se place en protecteur, il perd son rôle de médiateur et entre dans le triangle du conflit.
Mais les relations très proches, coopératives, dans la classe rendent la posture de médiateur difficile. Comment trouver la distance professionnelle adéquate ?
Ensuite a été abordé le rôle du quotidien de travail :
La classe doit permettre aux élèves de continuer à entrer dans le vécu quotidien avec ces rituels et ces moments de travail. Cela apporte une sérénité à tous. Cela devient même, dans ces situations, une protection contre ces agressions. Le maître et les élèves doivent être vigilant à ériger des murs pour que ces espaces de travail continue d'exister.
On est à l'école pour travailler ensemble. La classe coopérative devient alors une force parce que les individus qui la composent ont la possibilité de parler et construire ce travail ensemble.
Bref, parler des événements graves avec tout leurs bagages, les poser là dans les espaces de paroles qui existent de toutes les façons est indispensable. Puis enchaîner sur le moments de travail pour ne pas se laisser submerger.
Ici on peut voir un autre sens à la phrase de Freinet : Je veux substituer à la discipline de classe une discipline de chantier. Travailler sur un chantier est apaisant, on agit.
Ensuite, le rôle des institutions :
Même si le maître a du mal à être un médiateur au sang froid, les institutions prennent le relais. Ce sont elles qui assurent la médiation la plus importante dans la classe. La vie de la classe sera moins dérangée alors par les aléas extérieurs et intérieurs que ce soient de la part du maître (humeurs, fatigues....) ou des élèves eux-mêmes.
Les institutions protègent alors le cadre de travail (c'est leur raison d'être !). Ce sont donc les murs qui protègent la classe de la subjectivité de ses membres.
Elles sont un filtre qui « gardent les métaux lourds qui pourraient plomber les relations. ». Il y a moins d'atteintes aux personnes.
Elles permettent aussi de rester plus juste entre les enfants car les relations passent par ces institutions, les relations ont alors moins de chance d'être ou d'être perçues comme exclusives.
Les institutions prennent un poids dans la classe qui permet de relativiser l'importance de chacun dans le groupe mais ce n'est pas l'effet d'une simple dilution du pouvoir de l'adulte. Si le maître délègue ces pouvoirs à d'autres élèves, il n'aide pas les institutions à remplir leur rôle de médiateur. De plus il ne désinvestit qu'apparemment le rôle central car c'est lui qui reste celui qui délègue.
Sur la fin, il y eut des échanges sur les petits mots et dessins d'amour des enfants adressés au maître. Qu'en faire ?
Il y eut consensus sur le fait de les accepter, de les accueillir.
« Cela me touche merci, moi aussi je vous aime tous beaucoup. »
Cette formulation a beaucoup plu.
En faisant attention de ne pas y projeter nos représentations d'adultes, on peut les considérer comme l'expression d'un bien être dans la classe, à l'école qui se cristallise sur le personne du maître.
Ces mots, émanant plus des petits, se transforment souvent dans des mots s'adressant à la classe lors des félicitations. Ils passent donc eux aussi par les institutions.
A la limite, on pourrait dire que trop de petits mots adressés à la seul personne du maître est un indicateur de mauvaise santé des institutions.
Fin des débats.
Merci à tous pour ces moments forts où les valeurs humaines que chacun des participants portent et apportent ont rendu cette réflexion où l'affectif était fortement en jeu possible.