L’accueil de nouveaux élèves en classe coopérative

Présents : Etienne, Claudine, Isabelle, Isabelle, Cédric, Laurent, Magali, Olivia, Sylvain, Tayeb, Martine, Mireille, Christine, Klervi, Flore, Nathalie

Problématique : il arrive parfois que de nouveaux enfants arrivent en cours d’année au sein de nos classes coopératives. En tant qu’adulte de la classe, que peut on mettre en place pour les aider au mieux à intégrer le groupe et la structure ? On est souvent entre la position de vouloir tout leur expliquer et celle de ne pouvoir le faire en raison de la complexité du fonctionnement.

Klervi explique avoir anticipé l’arrivée d’un nouveau par l’écriture avec les enfants de la classe d’un petit livre expliquant le fonctionnement. L’accueil a donc consisté à étudier ce petit livre et à permettre à cet enfant une immersion dans la classe au sein de ses pairs. L’enseignant n’est intervenu de manière formelle que plus tard.

Pour Sylvain, la question de l’accueil d’un nouveau est de la même nature que celles autour d’un enfant en difficulté : plus on développe des structures d’aides, plus on risque de cristalliser ses difficultés. Il conviendrait donc en tant qu’adulte, de laisser évoluer ce nouveau dans la classe comme il l’entend afin de lui permettre une préhension personnelle des espaces de libertés et des lieux d’expressions qui existent, le principe étant de le conduire naturellement à un ressenti d’incomplétude dans la maîtrise de son nouveau milieu, ressenti qui le pousse à faire la démarche de dépasser un inconfort alors consciemment identifié. La culture des classes de Balard conduit souvent les enfants à proposer aux petits ou aux nouveaux des « tuteurs », c’est à dire des enfants qui acceptent de s’asseoir à côté de ce copain afin de répondre à ses questions et de l’aider à trouver plus facilement ses repères dans la classe. Dans les faits, lors d’un conseil, quelqu’un demande au nouveau s’il est intéressé par un tuteur. S’il accepte, un appel à volontaire est lancé, le « nouveau » devant choisir le tuteur qui lui correspond le mieux. Le tuteur n’est pas imposé et les binômes se constituent par affinités.

Il peut pourtant arriver que des enfants refusent d’être aidés. Mireille parle d’une petite fille qui refusait de rester dans une équipe et ne voulait pas contribuer à l’entreprise coopérative de la classe, sauf lorsque cela pouvait lui rendre service. Il lui a été expliqué qu’elle pouvait difficilement en même temps se servir de ce que les autres mettaient à disposition de la classe et refuser d’apporter ses compétences auprès de ceux que cela pouvait aider. La stratégie était alors de lui faire ressentir par le besoin tous les manques qu’un tel retrait pouvait engendrer dans son quotidien d’élève.

Martine parle d’une autre petite fille, nouvelle dans la classe et l’école qui explique son retrait et sa passivité par une peur de s’exprimer devant tout le groupe lors des temps collectifs tels que le conseil. Dans les faits, elle manifeste une peur pour s’investir dans la classe sans son tuteur. Magali a testé les conseils d’équipe qui permettent aux enfants les plus timides de trouver un lieu où ils vont pouvoir plus aisément poser une parole et arriver à se faire entendre par tout le monde. Ces petits groupes sont aussi possibles en d’autres lieux que les conseils, notamment ceux que l’on constitue autour d’apprentissages précis (lecture, ateliers, …)

Dans la classe de Nathalie comme dans celle d’Isabelle, deux nouveaux sont arrivés en même temps. Pour l’un, l’intégration s’est faite sans souci apparent autant dans le travail que dans les formes d’engagements coopératifs. Pour l’autre, de nombreux conflits sont venus parasiter fortement son travail et celui des autres. Nathalie explique que pour cette élève ce n’est qu’avec du temps et une attitude qui consistait à ne plus tenir compte de ce qui dérangeait chez elle que progressivement, elle est arrivée à entrer dans le groupe par une contribution au conseil personnellement choisie. A partir de là, le travail proprement scolaire s’est engagé. Dans cette situation, ce qui semble avoir débloqué l’enfermement de cette enfant dans les conflits est la centration que Nathalie s’est contrainte de modifier pour s’intéresser davantage à ce qui fonctionnait dans la classe qu’à ce qui posait problème.

Dans une école, ce qui semble faire qu’un enfant aille bien est justement le fait que ça se passe bien pour lui. Inversement, les raisons qui font qu’un enfant aille mal dans une classe sont certainement à rechercher dans le fait que la classe en renvoie une image négative. Pour beaucoup, il vaut mieux exister par le conflit et l’opposition que risquer de ne pas se sentir exister du tout.

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