LE JOURNAL SCOLAIRE
Nous avons lancé les échanges à partir de journaux scolaires :
- « Trait d’Union » Journal scolaire hebdomadaire de l’école de St Vincent de Barbeyrargues sous la responsabilité de Jean Michel JOUGLA.
- « Le journal des juniors » Journal scolaire mensuel de la classe de Jean Michel SELLES de l’école de Baillargues.
Nous avons accueilli dans notre groupe Jean Michel JOUGLA actuel directeur de l’école élémentaire de St Matthieu de Tréviers (Ecole Agnès GELY) et ancien directeur de l’école de St Vincent de Barbeyrargues. Il a été le responsable de publication du « Trait d’Union », un journal de classe hebdomadaire gratuit qui a dépassé le numéro 300.
Voici quelques unes des idées qu’il nous a présentées :
Au début, les journaux scolaires, issus des techniques coopératives Freinet, se produisaient grâce à d’abord un limographe (une sorte de petite imprimerie pour enfants avec une casse et de l’encre), ensuite à l’aide d’une machine à écrire et enfin maintenant avec un ordinateur. L’informatisation fut un grand pas pour faciliter la tâche des enseignants et des élèves pour faire paraître un journal.
Actuellement, le plus gros frein (et peut-être même le seul) à la mise en place d’un journal d’école ou de classe est la maîtrise de l’outil informatique. Cependant, ce dernier est fortement atténué grâce à la disposition d’un matériel performant dans les écoles (attention à ce que les logiciels ne soient pas piratés : acheter les licences pour l’école) et à la présence de collègues (enseignants ou aides éducateurs) capables de s’en servir. C’est pourquoi, rien ne sert d’avoir peur de s’y lancer.
Le second barrage à la mise en place d’un journal scolaire, notamment d’école, est la participation des collègues dans un esprit d’équipe. L’expérience montre que les équipes et les collègues suivent et entrent dans les fonctionnements qui « fonctionnent ». Rapidement, ils acceptent l’idée qu’il est plus contraignant de corriger un texte d’enfant qu’un exercice type « Bled ».
Lorsqu’on se lance dans cette expérience, la consigne que l’on peut donner aux enfants est « Si tu as un texte, tu me le donnes ». Le journal devient une compilation de textes d’enfants, ce qui est un bon départ. Après, il reste à trouver d’autres motivations.
Le principe du journal scolaire est de tout publier, de tout y mettre, quitte à ce que certains articles ne soient pas très intéressants. Notre but d’enseignant n’est pas de former des journalistes mais de permettre à des élèves d’apprendre à lire et à écrire. Ainsi, le journal scolaire n’est pas une fin mais un moyen. Il s’agit avant tout d’une approche pour que les enfants apprennent la lecture et l’écriture de manière concrète (Cf. les méthodes d’apprentissage naturel développées par Freinet). Il devient alors possible de construire des exercices de lecture, d’écriture à partir du journal. Toute production écrite donne publication.
Le journal scolaire a une visée de communication : il faut qu’il soit lu et que les enfants s’en rendent compte : on écrit et on s’efforce de bien le faire parce qu’on sait que des personnes extérieures à la classe vont y porter leur regard. C’est pourquoi la participation des parents importe dans cette expérience, ne serait-ce qu’à travers une lecture régulière des textes qui s’y trouvent. Le journal scolaire doit être lu et valorisé dans les familles. L’enseignant peut même considérer ce journal comme un outil de communication et de liaison d’information entre l’école et les familles.
C’est pour cela que le « Trait d’Union » était gratuit, tout du moins pour les parents des enfants de l’école. Les « extérieurs » à l’école peuvent se le procurer par le biais d’un abonnement. Pour cela, le responsable de la publication doit faire enregistrer le journal et disposer d’un numéro ISSN (demander les formulaires d’enregistrement à l’ICEM de Nantes). En moyenne et pour 150 exemplaires, la gratuité coûte 70 francs, somme qui peut être budgétée en début d’année.
En ce qui concerne l’approche pédagogique et technique de la réalisation du journal, la première intention est de créer des événements en permanence : faire en sorte que les enfants aient des sujets à partir desquels ils auront des choses à raconter, à communiquer, même si ces sujets ne sont pas porteurs d’universalité. Par exemple, un support d’écriture peut être la présence d’ouvriers dans ou à proximité de l’école. A partir de là, envoyer des enfants avec de quoi écrire, des questions préparées à l’avance et un appareil photo. Tout est occasion d’écriture.
Une fois les sujets trouvés et les enquêtes réalisées, les élèves saisissent « au kilomètre » leurs textes qui sont ensuite corrigés par un adulte. Cette correction de l’adulte n’est pas forcément très éducative sur l’instant mais elle répond à un problème de temps et de coût de travail qui risque de démotiver des enfants à l’écriture. Notre but ici est que les enfants s’expriment par écrit, le travail de systématisation d’orthographe ne peut pas trouver une place à ce moment-là. Il a d’ailleurs été dit qu’il est nécessaire aux enfants de disposer d’une certaine maturité pour qu’il y ait moins d’erreurs d’orthographe dans leurs écrits. Pour beaucoup, il vaut mieux attendre que les choses se déclenchent par elles-mêmes et continuer à susciter chez eux l’envie de s’exprimer par l’écrit au travers entre autres d’un journal scolaire. Avant que le texte paraissent dans le journal, les articles sont sortis pour leurs auteurs et collés dans leur cahier de textes.
Au bout d’un certain moment de parution, les enfants peuvent être sensibilisés à la réalisation d’articles définis par la réponse aux questions : quand, comment, où, pourquoi ? Pourtant, ces recherches journalistiques ne peuvent pas être exclusives (on ne peut pas faire que ça) sous peine de bannir toute la dimension poétique par exemple, ce qui fait le charme et la différence des journaux scolaires.
Les enfants saisissent leurs textes pendant les heures de classe, donc pour certains pendant des moments où normalement, l’enseignant regroupe l’ensemble de ses élèves pour une tâche commune. Loin de révolutionner l’école, cette pratique incite à modifier sa pédagogie et à admettre que tous les élèves ne font pas tous la même chose en même temps. C’est dans cet esprit que avons pensé qu’il était plus favorable qu’une école répartisse ses ordinateurs dans chacune des classes plutôt que de les regrouper tous dans une salle informatique. Tout comme il y a la tableau devant la classe, il y aurait des ordinateurs au fond.
Il n’est pas nécessaire de former les enfants à la PAO. Dans le pire des cas, c’est l’adulte qui se charge de la mise en page, sinon, un élève qui « se débrouille » dans Publisher peut très bien être responsable de la mise en forme du journal. Le principe de base de la mise en page est de penser une maquette de journal, qui ne change jamais mais qui attribue une personnalité à la publication de la classe : par exemple, travailler en 4 colonnes, écrire le titre du journal sur 1/5 de la première page, valoriser la présentation par des photos ou des images, etc. Le fin du fin : « le journaliste en herbe ». Pour chaque numéro, un enfant est choisi parmi les volontaire pour constituer un dossier dont lui seul est l’auteur. Le contrat consiste alors à ce qu’il puisse s’extraire des activités collectives pour se consacrer à cette tache. Le lundi matin, il pose dix questions à ses copains de classe et le meilleur dans les réponses devient le prochain journaliste en herbe. Cela permet aussi de vérifier la lecture du journal.