La sanction éducative (suite)
La sanction éducative s’applique dans nos classes en lien avec le conseil de coopérative et le contrat de vie. Celui-ci se décline en trois parties : les lois, les règles de vie et les codes de conduites.
Ä Le niveau des lois correspond à ce qui est immuable, ce qui ne peut être changé et qui est à la base de tout. Ces lois sont supérieures aux personnes, sans elles, rien n’est possible. Au début, on peut toujours travailler l’élaboration de la loi, mais une fois qu’elle est posée, on ne la discute plus. De plus, la loi de l’école est plus large que celle de la classe tout comme celle de la société est plus large que celle de l’école.
- Le maître appartient à tout le monde.
- Chacun a le droit d’être tranquille dans
- son corps (on ne touche pas les parties intimes, on ne se bat pas.)
- son cœur (on ne se moque pas, on ne menace pas.)
- ses affaires (ne pas se servir sans autorisation des choses qui ne nous appartiennent pas.)
- On est dans une classe pour travailler
Ä Le niveau des règles de vie, c’est le niveau du règlement. Les règles de vie disent ce qui est interdit, ce qui est autorisé et les sanctions que l’on encourt lorsque c’est interdit. Les règles de vie sont proposées, discutées et décidées en conseil et peuvent à tout moment faire l’objet d’une modification en fonction des demandes d’adaptation de la classe.
Ä Le niveau des codes de conduites porte sur des questions plus pratiques : est-ce qu’on se dit bonjour ? Oui ou non ? Qui dit bonjour le premier ? Qu’est-ce qu’on fait quand on arrive en retard ? Peut-on manger du chewing-gum ? Peut-on boire ou manger ? Peut-on rendre un travail en retard ?
Lois, règles de vie et codes de conduites sont affichés à la vue de tous afin que chacun puisse connaître et se rappeler ce qui guide les comportements de chacun. Les sanctions sont aussi posées de manière à permettre les éclaircissements en cas de besoin.
Modifiables | Non modifiables | Les sanctions | ||
Avec | Sans | |||
Lois | ü | ü | ||
Règles de vie | ü | ü | ||
Code de conduite | ü | ü |
La sanction est entendue comme permettant à l'élève de connaître les limites, de s'y buter, mais aussi de pouvoir être réintroduit dans la communauté de la classe. Il y a une distinction entre sanction et réparation éducative dans le sens où, alors que la sanction concerne une réhabilitation dans le groupe et qu’elle est posée par le conseil, la réparation éducative vise la réconciliation du persécuteur avec lui-même et avec la personne qu’il a fait souffrir et ne peut pas être imposée. Au mieux, elle est proposée par une personne ou le conseil. La sanction serait de l’ordre de l’engagement d’une responsabilité pénale alors que la réparation éducative correspondrait plutôt à l’engagement d’une responsabilité civile.
Ces sanctions peuvent se traduire par :
- un avertissement
- une « remarque »
- une privation temporaire d'activité
- une amende par la monnaie intérieure
- une réparation d'un préjudice subi, quand cela est possible
- une ceinture dorée : isolement d'un élève en difficulté passagère, mais jamais en dehors du lieu classe
- un envoi temporaire dans une autre classe pour permettre une réflexion et envisager les modalités du retour (il n’est pas question d’aller réaliser une activité précise)
- une information aux parents ou un entretien.
Les remarques sont notées sur un document hebdomadaire. En fin de semaine, ces remarques sont traduites en amendes en fonction de la ceinture de comportement de l’enfant. Ainsi, pour un enfant « orange en comportement », 1 remarque = 1 amende, pour un vert 1 remarques = 2 amendes, pour un jaune 2 remarques = 1 amende, …
Les activités de rangement de la classe peuvent faire l’objet d’une réparation éducative ou permettre aux enfants qui ne peuvent pas payer leurs amendes de s’en acquitter.
Nous avons enfin tenté d’approfondir deux questions :
1 – Une réparation peut-elle restreindre une sanction ? Un enfant critiqué qui s’excuse d’avoir volé ou tapé peut-il être exempt de sanction ? Cela pose question parce que d’un côté sanction et réparation éducative n’ont pas la même visée mais d’un autre côté une procédure réparatoire spontanément faite induit naturellement de la mansuétude.
2 – Prévenir les parents en cas de déviance répétée n’équivaut-il pas parfois à recourir à la violence physique sachant que certaines familles usent de ce type de sanction ? Lorsque les parents sont sollicités, c’est pour permettre à l’enfant de se voir entendre les mêmes choses à l’école et dans sa famille, avec pour intention une modification durable d’un comportement déviant au regard des exigences sociales et scolaires. Cela part du postulat que les enfants ne manifestent pas la même disponibilité d’écoute entre l’école et la famille. Malheureusement, certaines familles utilisent comme contrainte éducative le recours à des violences physiques (gifles, coups, …) ce qui souvent va à l’encontre des raisons de la procédure d’information. Pourtant, ces coups portés sont-ils plus néfastes que l’absence de limite ? La gifle n’est-elle pas pour certains parents, à certains moments, la seule alternative permettant d’asseoir leur autorité de parent ? Peut-on et doit-on aider ces parents à recourir à des sanctions correspondant à des privations de l’exercice d’un droit ?
Ce sont des questions que nous n’avons pas résolues…