INTEGRATION SCOLAIRE.
Rémy Lafon disait : « Qu’est ce que l’inadaptation sinon la socialisation du handicap personnel initial, c’est-à-dire la réponse de la société au handicap ? »
L’insertion est justement cette réponse de la société pour que l’individu puisse établir une relation positive avec le sociétal, en lui fournissant les moyens nécessaires pour y arriver.
Or, dans notre société occidentale hyper technicisée, le nombre d’inadaptations reconnues comme telles augmente inévitablement Aujourd’hui comment faire face au nombre croissant de handicapés, surtout à l’école ?
Solutions possibles
L’intégration est une rencontre entre l’enfant handicapé et le groupe classe-maître servant de médiateur avec le milieu scolaire. Mais le handicapé est vécu comme celui qui contredit la norme de l’école, qui gêne la classe.
La finalité de l’intégration est moins la réussite scolaire,que l’insertion sociale et l’autonomie du futur adulte. Mais les plus grosses difficultés viennent des attitudes figées découlant de situations professionnelles, politiques, philosophiques ou religieuses, parfois antagonistes, et c’est par le changement des attitudes que passe la solution réelle et globale de l’intégration.
29 janvier 1982, premier texte ministériel, qui précise : «L’intégration vise tout d’abord à favoriser l’insertion sociale….elle permet aux parents d’exercer plus pleinement leurs responsabilités…Pratiquée sans systématisation, l’intégration aura d’autant plus de chances de réussir, qu’elle résultera d’un choix clairement exprimé par l’enfant, la famille et l’enseignant ainsi que d’un projet éducatif aux dimensions à la fois médicale, psychologique et sociale, ce projet ne se limitant pas à la sphère scolaire mais prenant en compte l’ensemble des situations vécues par l’enfant handicapé dans et autour de l’école .Un second texte du 29 janvier 1983 précise les conditions de l’intégration. Or que s’est-il passé ? Sous l’influence de pressions diverses, on essaie de mettre rapidement en place, trop rapidement, des intégrations de handicapés dans le système scolaire normal. et on oublie tout le travail de réflexion et de recherche que les textes ont pourtant signalé et essayé de concrétiser.
Problèmes rencontrés.
Il y a rarement concertation réelle préalable. Il existe une hiérarchisation inconsciente des parties concernées, et le savoir, et le pouvoir, sont « mesurés » au niveau des diplômes possédés par l’individu. : pour les familles sans diplômes, voire analphabètes, on s’efforce, en toute bonne foi, de les guider, de les conseiller, c’est à dire de les assister, de les protéger, de les subordonner. On oublie tout simplement le formidable capital affectif inclus dans la relation familiale, qui est alors gaspillé. A l’opposé si les parents détiennent des diplômes universitaires de haut niveau, on écoute et on suit la famille, la hiérarchisation se faisant alors en sens inverse.
Plus rarement encore une vraie convention précise est passée entre les intéressés, convention pourtant exigée par les textes car elle constitue une garantie pour tous. Ici c’est la notion de pouvoir qui entre en jeu, chacun craignant que l’autre empiète sur son territoire.
Enfin l’évaluation de l’action d’intégration se réduit souvent à un constat scolaire : il suit ou il ne suit pas, constat portant plus d’ailleurs sur les contenus que sur les savoir-faire ou les attitudes. Or tout le monde sait que l’intégration scolaire n’est qu’un des aspects, certes important, de l’intégration sociale, qui est le but. C’est donc l’intégration dans sa totalité qu’il faudrait évaluer.
Pour coopérer il faut parler un même langage ; or le mot « paresseux » par exemple n’a pas le même sens pour un psychiatre, un enseignant ou un père de famille. On devrait en tenir compte dans la formation initiale ou continue.
Un long chemin a déjà été parcouru, mais il reste encore beaucoup à faire, et le plus difficile. Car il faut maintenant modifier les valeurs, c'est-à-dire les bases de notre éthique, et il y faut du courage : à quel niveau de valeur plaçons nous les droits des handicapés et en particulier des enfants handicapés ? Où les situons nous par rapport à notre volonté, normale, de sécurité et de confort, c'est-à-dire de bonheur ? Là est la vraie réponse au problème de l’intégration.
Extrait d’une interview d’Albert Jacquard :…
Les notes, les classements, encouragent une compétition absurde. L’école devrait se consacrer à promouvoir l’art de la rencontre…L’enseignant aura atteint le but de sa mission si l’élève perçoit que de l’autre il peut faire une source, une richesse…
Ramener l’appréciation d’un travail à une note et par là instaurer une hiérarchie entre élèves, c’est réducteur, néfaste. L’autre me vaut, il est différent…
L’enfant qui dit « j’ai pas compris » rend service à toute la classe.
PROBLEME DE LA FORMATION DES MAITRES ;
Prendre en charge un enfant handicapé suppose des connaissances en ce domaine, et donc une formation, que les maîtres n’ont pas reçue. On a supprimé les centres régionaux de formation des maîtres de l’enfance inadaptée, où les enseignants passaient un an pour acquérir les connaissances nécessaires. Il faudrait que les IUFM assurent une formation minimum dans ce domaine et que du personnel de soutien qualifié soit mis à la disposition des maîtres concernés.
C’est la condition première pour que l’intégration réussisse. Il est urgent de la promouvoir
CONCLUSION.
Nous avons de très bons textes qui, malheureusement, sont inapplicables actuellement, faute de moyens.
Il faudrait :
- réunir réellement les adultes concernés, y compris les parents ,pour établir un projet pour l’enfant. Ce qui suppose harmonisation (ou explication) des vocabulaires professionnels.
- Assurer les moyens de réalisation, financiers et humains ;
Enfin tout mettre en œuvre pour modifier nos valeurs face au handicap, ce qui est en train d’évaluer d’ailleurs, mais qu’il faudrait amplifier.
Robert Pelleing