GUIDE PRATIQUE DES PARENTS.
Ministère de l’Education Nationale. Ecole élémentaire.
Il s’agit de mes premières réactions personnelles, donc subjectives, à la lecture du guide distribué par le ministre à cinq millions d’exemplaires. Je donne mes réactions page par page afin d’apporter ma part à ceux qui voudront analyser ce texte. Je serais heureux de connaître vos propres réactions et vous en remercie d’avance.
Les passages en italique sont les citations du texte lui-même.
p.8. entrer au collège au cours de leur douzième année. C’est une erreur incompréhensible dans un texte signé par le ministre, qui semble ignorer que l’école élémentaire compte cinq classes, les enfants entrant au CP à 6 ans et sortant du CM2 à 11 ans et non à 12..
p.9. La première aide…avec l’aide d’un autre maître qui pourra expliquer différemment, or nous savons qu’il y a un risque de changer de méthode, surtout pour un élève fragile, il faudra donc être très prudent.
PPRE : les parents sont invités …à le signer. Que se passera t’il en cas de refus ?
Accompagnement éducatif dans les écoles de l’éducation prioritaire. Aura lieu quatre jours par semaine à raison de deux heures par jour après la fin des cours. Il sera assuré par des enseignants volontaires et des assistants pédagogiques avec l’aide d’animateurs agréés. L’élève en difficulté, qui supporte probablement mal sa présence à l’école, qu’il vit comme une corvée, sera donc soumis à huit heures de présence par jour dans l’école, soit trente deux heures par semaine ! Et quels seront ces assistants pédagogiques et ces animateurs agréés ? Quelle sera leur formation pour accompagner des enfants en difficulté ? Qui les paiera ?
Il consistera en une aide aux devoirs et aux leçons, en activités sportives, culturelles et artistiques. A quoi sert de garder dans les locaux scolaires les élèves ayant des difficultés dans les ZEP pour faire des activités sportives ou artistiques alors qu’ils peuvent bénéficier, hors de l’école, de ces mêmes activités dans les clubs, où ils rencontreront les élèves dits normaux, qu’ils dépasseront souvent dans la réussite ?
p.10. La décision sera prise par le conseil des maîtres qui entendra vos arguments. Que se passera t’il en cas de refus des parents ?
p.11. Vous pouvez exercer votre droit à l’information. Quel genre d’information ? Quand j’ai pris ma première classe en 1944 les parents avaient déjà le droit à l’information à travers les rencontres avec le maître !
p.12. Le conseil d’école. Le ministre a oublié (volontairement ?) la présence des D.D.E.N. QUI PEUT PORTANT JOUER UN RÖLE IMPORTANT EN CAS DE CONFLIT ; De plus on y parle de suggestions, d’avis, de propositions, sans préciser qui prend la décision finale. Il ne précise pas aussi que le domaine pédagogique est du seul ressort du maître et que son contrôle ne peut être assuré que par les seuls inspecteurs. Cela évitera bien des tensions et conflits.
p.16. PPS. Il devra préciser les aménagements nécessaires ainsi qu’éventuellement l’attribution d’un auxiliaire de vie scolaire mais il ne précise pas ce qu’on doit faire quand les moyens manquent, ce qui hélas est parfois le cas.
Son application est suivie par un enseignant référent nommé par l’inspecteur d’académie. Quel est la formation de cet enseignant, et comment est elle assurée, car on le charge d’une lourde responsabilité ; est-ce compté dans son temps de travail ?
p.18. T.I.C. L’école doit le former à utiliser ces outils de manière raisonnée, responsable et sûre. (voir les compétences exigées en fin de CM2) On demande pratiquement à l’élève les compétences de l’adulte alors qu’il n’a pas la maturité pour les réaliser : identifier et trier des informations) (p.60) faire preuve d’esprit critique face à l’information et à son traitement (p.64) A 11 ans ? Combien d’adultes en sont réellement capables ?
p.19. Les enseignants et les élèves (c’est moi qui souligne) peuvent contribuer à l’amélioration de cette liste en signalant tout site préjudiciable resté accessible. Ce qui veut dire qu’ils les auront consultés !
…une charte du bon usage des TIC et d’internet…signée par les élèves et les parents. Quelle est la valeur réelle d’une signature de l’enfant, en dehors du domaine affectif ? Et surtout comment engager la responsabilité des parents dans une situation pédagogique qui leur échappe totalement ?
p.20 et suivantes. C’est la copie, à la virgule près, du texte paru dans le B.O. hors série n°3 sur les nouveaux programmes.
La copie intégrale de ce texte, destiné aux enseignants, risque d’être la source de conflits car il s’agit d’un texte de pédagogie, donc professionnel, qui peut être mal interprété par des parents ignorant ce domaine. Que dirait un père de famille peintre si l’enseignant se permettait de critiquer sa manière d’utiliser un pinceau ?
Il faudra donc être très prudent et rappeler aux parents que la pédagogie du maître n’est pas de leur domaine, il y a pour cela des inspecteurs qui, eux, sont qualifiés. Il suffira de rappeler certains passages de la page 1 du texte du B.O., page qui n’a pas été retenue dans le guide des parents, et dont je vous signale les passages qui me paraissent utiles en ce domaine :
Le choix des méthodes et des démarches relève intégralement de la responsabilité des enseignants…ces nouveaux programmes sont d’autant plus précis sur les résultats qu’ils sont plus ouverts sur les méthodes… l’utilisation de ces ressources sera laissée à la discrétion des enseignants.
CONCLUSION.
De nombreux parents connaissent très mal l’école, souvent vilipendée, je crains que ce texte soit trop ambigu pour eux, n’améliore pas l’image de l’école et soit source même de conflits. Il faudra une information plus précise sur place, à partir du texte du ministre
De plus certaines décisions sont contestables, et sont contestées (horaires,rattrapage…) car prises sans concertation avec les intéressés. La plupart des idées sont bonnes mais contestables dans leur mise en œuvre, surtout faute de moyens.
Enfin de nombreuses décisions sont présentées comme des nouveautés alors qu’elles sont appliquées depuis longtemps, certaines même depuis la création de l’école publique !.
Je rappelle qu’il s’agit d’une première réaction rapide, subjective, dont le but est de provoquer un débat. Elle devra être approfondie par échange avec les autres (vous peut-être ?) car seul l’échange enrichit et peut rapprocher de l’objectivité.
Robert Pelleing