NOTION D’ESPACE
Robert Pelleing
Construction de l’espace. Nous construisons la notion d’espace à partir de notre vécu, d’abord par topologie (voisinage) liée à l’orientation (angles), et le langage joue un grand rôle car il permet d’intégrer les connaissances : à côté, devant, derrière, au dessus, au dessous,…Puis la notion d’espace est affinée en faisant intervenir les distances : proche, loin , près,contre,…Mais ces distances sont évaluées subjectivement en fonction de l’effort et du temps nécessaires pour passer de l’un à l’autre point de l’espace. Ce n’est que plus tard qu’on pourra objectiver les distances par la mesure et les mathématiques. Enfin on prend conscience que l’espace s’organise à partir de points de repères et qu’il change si on change de place. L’espace s’organise donc comme une structure, au sens de Piaget.
Dans cette construction de l’espace l’affectivité joue un rôle important car elle charge affectivement les premiers repères ; certains points de l’espace sont pour l’enfant plus reposants, plus rassurants, par exemple les bras de maman. La maman est donc en général notre premier repère spatial. Puis l’enfant découvre d’autres repères intéressants ou utiles ; il doit ensuite créer des liens entre ces repères pour construire son premier espace topologique et le mettre en mémoire.
Problème pour l’enfant. L’enfant a besoin de mémoriser des repères précis pour organiser topologiquement son espace. Il part donc de son lieu de vie quotidienne en enrichissant ses repères au fur et à mesure de ses déplacements possibles. Mais il faut qu’il ait un lieu de vie restreint et habituel pour construire un noyau de repères. Il ne s’agit pas d’apprendre l’espace à l’enfant, il faut lui proposer des jeux qui vont provoquer l’imagination d’un trajet. Par exemple lui demander, pour une raison quelconque, de prendre un objet dans la pièce ou de se rendre dans autre une pièce (exercice concret), ou lui demander où il a pris l’objet ou de quelle pièce il vient (exercice imaginé). La société actuelle impose souvent à l’enfant des changements de lieu de vie quotidien, ce qui brouille et empêche sa construction d’une première structure, et peut créer chez lui un sentiment de crainte, d’anxiété, voire d’angoisse. Il faut donc l’aider à construire son espace à partir du lieu où il passe le plus de temps éveillé, puis progressivement dans les autres lieux. Il pourra ainsi agrandir son espace topologique grâce aux lieux qu’il fréquente régulièrement, puis plus tard au quartier, puis à la ville…. A l’école enfin il pourra organiser un espace objectif grâce à la mesure
Problème pour le vieillard. La mémoire étant de moins en moins performante avec l’âge, l’être humain perd certains de ses repères spatiaux, ceux qu’il voit ou évoque peu souvent. Son espace diminue donc, il se ‘’perd’’ dans un itinéraire pourtant familier mais trop long ; à la limite il se perd dans son propre appartement, d’autant mieux qu’il se déplace moins. Il faut donc qu’il bouge, qu’il se déplace le plus possible dans son environnement. Il faut aussi qu’il en parle. Plus il se déplace ou évoque son espace, mieux il le maîtrise. On peut là aussi imaginer des exercices adaptés, selon les mêmes principes que pour les enfants.
Nota. Nous verrons un jour qu’il en est de même pour le temps : repères et structure.